Colette et l’Envers du Music Hall

Il est des individus dont la lumière porte bien au-delà de leur époque et que le temps élève au rang de patrimoine culturel. Colette a réussi l’exploit rare de l’être de son vivant. C’est le sens de l’exposition sur Colette qui se tient cette fin d’année à la BNF.

Affiche de l’exposition BNF

Celle qui est née le 28 Janvier 1873 à Saint-Sauveur en Puisaye et morte à Paris le 3 Août 1954 à Paris, a vu son nom associé à la bohème, la liberté, l’anticonformisme, l’audace dans une époque qu’elle a contribué à façonner autant qu’elle fut façonnée par elle.

Celle qui fut tour à tour comédienne, journaliste, directrice de journal littéraire, dialoguiste, femme de lettres, mariée de nombreuses fois, bisexuelle assumée dans une époque où cela n’allait pas de soi aura tous les honneurs.

Élue à l’Académie Goncourt qu’elle préside 4 ans plus tard, élue à l’’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique en remplacement de la comtesse de Noailles, deuxième femme à être nommée grand officier de la Légion d’Honneur et première femme à laquelle la République française accorde des obsèques nationales. 

Entre 1910 et 1912 elle va écrire 26 textes courts tous publiés dans le journal Le Matin, à l’exception du dernier. Ce sera L’envers du Music Hall publié en 1913. Dans ce recueil, Colette s’attache à dévoiler l’envers du décor, ce que le public ne perçoit qu’à travers son illusion : les coulisses des théâtres, la vie intime et souvent éprouvante des artistes du music-hall. Elle y décrit autant leurs grandeurs que leurs détresses, évoque les tournées épuisantes à travers la province, les trajets interminables et les haltes dans des hôtels médiocres. Nous ne sommes pas sur la scène, mais dans la loge.

L’exemplaire que nous présentons est l’édition originale sur Hollande, de 1913, de ce texte important de Colette pourvue d’un envoi en pleine page tout à fait exceptionnel, et ce n’est pas une formule toute faite, dédié à son “parfait ami” Georges Baheux dit “Tonton de Montmartre” qu’elle rencontre en 1942 par l'intermédiaire de la comédienne Marguerite Moreno. Dans cet envoi Colette revient sur ce chapitre de sa vie sur scène 30 ans après, à son “parfait ami”.

Colette y évoque son passage du music-hall à la littérature ainsi que son ancien compagnon de scène et de vie Georges Wague (dont elle parle aussi dans le livre). Célèbre mime de l’Opéra de Paris et comédien il lui enseigne la pantomime et eu une collaboration artistique intime depuis Rêve d’Égypte qui fit scandale jusqu’à la célèbre pièce La Chair. Elle quitte les planches en 1912. 

Colette en reine égyptienne photographiée par Léopold Reutlinger, dans la pantomine «Rêve d'Égypte» au Moulin Rouge en janvier 1907

Ce livre est le témoignage du moment charnière où elle quitte les planches (1912) et publie ce regard rétrospectif sur sa carrière. Cet envoi est répertorié dans l’ouvrage Colette, Envois et Dédicaces de Françoise Giraudet. Pour ne rien gâter, la belle reliure est signée.

Un exemplaire exceptionnel qui aurait sa place à l’exposition Colette mais qui est au Cabinet de Lecture. Avis aux amateurs de tirage de tête, de reliure signée, de beaux envois, et surtout, de Colette. 

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